A propos du livre de Claude Berger : « Pourquoi l’antisémitisme ? »
by Claude Berger on septembre 12, 2013
Chronique du livre de Claude Berger « Pourquoi l’antisémitisme ? » publiée dans Actualité Juive du 12 septembre 2013.
Y a-t-il un « pourquoi » à l’antisémitisme, cette passion qui touche à ce qu’il y a de plus irrationnel chez l’être humain ?
« Poser la question du pourquoi, c’est s’interroger sur les motivations profondes et sur les pulsions inconscientes qui nourrissent les propos et les actes criminels antisémites » répond d’entrée de jeu Claude Berger.
C’est enfin et surtout s’atteler à penser le phénomène antisémite dans sa continuité historique qui est celle de ses soubassements religieux tant il est vrai que la haine antijuive, y compris dans ses formes les plus actuelles, demeure incompréhensible sans une analyse en profondeur des deux religions monothéistes.
L’antisémitisme contemporain ressortit en effet d’une double matrice chrétienne et islamique, laquelle matrice place le signe juif tant du côté de l’origine, comme figure symbolique du père, que de celui de la chute de l’humanité avec la mise à mort du Christ. Forgée par Saint-Augustin, la notion de « peuple témoin » est à cet égard emblématique : « Maintenant c’est fait : par toutes les nations ont été dispersés les Juifs, témoins de leur iniquité et de notre vérité. » écrit alors l’évêque d’Hippöne, ville romaine située de l’autre côté de la Méditerranée dans ce qui n’est pas encore l’Algérie. La persécution des Juifs censée démontrer leur erreur originelle s’inscrit dans cette période, au 4e siècle après J-C, comme un dogme de l’Eglise.
Cette association du Juif à une féminité jugée diabolique est-elle absente de la religion musulmane, qui n’a jamais admis, on le sait, la mise à mort du Christ ? Si le Coran diffère sur bien des plans des Evangiles, il n’en reste pas moins que celui-ci « n’altère pas de façon significative », le discours islamiste, souligne l’auteur, reprenant à son compte l’ancienne imagerie selon laquelle « la chute de l’humanité est due aux Juifs ».
Reste enfin la question, ô combien polémique, du lien entre antisionisme et antisémitisme. Le premier serait-il le cache-sexe du second, devenu politiquement inaudible depuis 1945 ? L’auteur s’inscrit ici dans la filiation de Léon Poliakov lequel en insistant sur la mutation de cette « matrice culturelle » au travers des âges, a mis en lumière la pérennité du fantasme final. Dans quelle mesure justement les passés chrétien et musulman peuvent-ils nous éclairer sur la haine et les passions qui entourent aujourd’hui l’Etat d’Israël, du prêcheur de haine qu’est l’ancien président iranien Ahmadinejad à Mohamed Merah, petit djihadiste français qui ira jusqu’à justifier l’assassinat d’enfants juifs au nom des souffrances palestiniennes ? C’est à cette question essentielle pour l’avenir du peuple juif, et plus largement de la démocratie, que l’auteur s’emploie à répondre avec érudition autant qu’avec brio.
Olivier Golusz
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One comment
La réponse de la psychanalyse et de quelques autres à « Pourquoi l’antisémitisme ? » :
https://www.academia.edu/3892296/Entre_barbarie_et_exclusion_la_circoncision_le_pire_des_racismes_et_le_plus_grand_crime_contre_lhumanite_catalyseur_de_fanatisme_terrorisme_genocide_et_feminicide_les_mutilations_sexuelles_un_ultra-racisme_inconscient_masque_derriere_religion_tradition_culture_et_folklore_a_jour_26.01.14
Cordialement,
by Bertaux-Navoiseau Michel Hervé on 14 février 2014 at 15 h 51 min. #